Le mythe dans les médias


mythebarthes
Mythologies de Barthes, ancienne vs nouvelle parution

Dans un domaine visant la conjonction structurelle et fonctionnelle entre les discours : le discours des médias et le discours des cultures, l’anthropologie culturelle postule l’adéquation et l’efficience de ses méthodes pour comprendre les mécanismes intérieurs qui contrôlent les pratiques médiatiques. À l’intérieur de ce domaine, l’hypothèse la plus exploitée demeure celle de l’analogie entre le langage médiatique et le langage mythologique[1].

Cependant, une telle analogie doit tenir compte de l’ambiguïté et de la polyvalence du concept de mythe. D’ailleurs le dictionnaire et l’usage font tellement ressortir la polysémie du concept qu’il devient impératif de préciser dans quel sens il sera employé dans la présente réflexion, c’est-à-dire dans un contexte nécessairement médiatique[2].

Dans le sens qui convient à mon propos, le mythe serait identifié à une entité nébuleuse, élastique et en général applicable à toutes les formes culturelles nommées par extension mythes. C’est ce que Roland Barthes (1957 ) faisait en précurseur lorsqu’il définit le mythe comme parole. Et puisque le mythe est une parole, « tout peut être mythe qui est justiciable d’un discours » (1957 : 215). Cela dit, tout serait donc mythe? Barthes répond par l’affirmative. À ses yeux (1957 : 216), « chaque objet peut passer d’une existence fermée, muette, à un état oral, ouvert à l’appropriation de la société, car aucune loi, naturelle ou non, n’interdit de parler des choses. » (Je souligne)

Vu sous cet angle globalisant, le mythe entretiendra alors des rapports étroits avec le discours social afin de fabriquer, de construire ce que l’on a beau appeler les représentations sociales. Pour quelle fin? Pour des fins d’appropriation. L’exemple de l’arbre cité par Barthes semble rendre sciemment compte de ce constat. Ainsi dit-il (1957 : 216) :

Un arbre est un arbre. Oui, sans doute. Mais un arbre dit par Minou Drouet, ce n’est déjà plus tout à fait un arbre, c’est un arbre décoré, adapté  à une certaine consommation, investi de complaisances littéraires, de révoltes, d’images, bref d’un usage social qui s’ajoute à la matière première.

Ce qui signifie que les médias ne sont que l’une des nombreuses formes de communication culturelle, une sous-culture douée d’un langage et d’un code spécifiques et homogènes par rapport à l’ensemble culturel global. Et c’est à l’intérieur de leur dynamique de représentation sociale du quotidien qu’ils usent (et abusent?) de l’appareil mythologique au sens que Roland Barthes donne à cette notion.


[1] Rien de plus naturel si l’on pense qu’il n’y a pas de science humaine qui n’ait fait allusion aux mythes pour expliciter certains phénomènes ou pour structurer certaines conceptions du monde.

[2] En faisant l’économie de rapporter le sens traditionnel du terme.

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